Petit pays je t’aime beaucoup

Ici, le Français sera de mise. Sans parler politique ou de guerre mais juste un besoin de partager ma vision des événements en tant qu’expatriée.

Presque deux mois plus tard…

Je me souviens encore de ce matin où j’ai appris ce qu’il était en train de se passer à 17000 km. En effet, alors que je me réveillais vers 9h dans mon auberge sur la Great Ocean Road, les média français commençait à diffuser la terrible nouvelle. Mais la première information que je reçois n’est qu’un:

« Putain la France ça craint »

Alors oui, je veux bien avouer que notre pays accumule les temps de crise depuis quelque temps mais aucun pays n’est parfait et je continue à penser que le notre est plutôt chouette. Puis plus ou moins endormie, mon ami m’explique que 130 personnes ont été tuées à Paris. Alors pour contrebalancer les infos approximatives de mon pote, je me connecte sur Facebook et parcours brièvement les articles de Le Monde. J’envoie immédiatement un message à mes amies étudiant à Paris pour leur master.

Etre décalée et incompréhension

Mais « Paul, time to get up!! We’re leaving soon! »

Ah oui c’est vrai je suis en Australie, à 17000 km de chez moi, qui plus est en road trip Melbourne -Adelaide via la GOR avec une amie australienne et plus précisément dans une auberge YHA dans la paisible petite ville d’Apollo Bay entourée de forêts tropicales et de plages de sable blanc.

Somme toute, rien à voir avec des terroristes proclamant « allah akbar » avant d’ôter la vie dans des salles de concert, aux terrasses de cafés et de restaurants.

Alors sans lâcher mon téléphone et ne croyant pas un mot de ce que mes amies peuvent me raconter « Je suis assise dans ma cuisine, je n’ai pas le droit de m’approcher des fenêtres, j’attends. » Je fais mon backpack pour la journée et on repart sur la route. Certaines de mes amies ne m’ont toujours pas répondu quand le réseau disparait au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans la forêt dense du Otway National Park. Fuck! A ma pote de rétorquer Mais c’est une bonne chose que tu n’aies pas de réseau!

Et je réalise alors que nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d’onde. Que ce qui me touche profondément, n’est pour elle qu’un tragique événement parmi le lot de mauvaises nouvelles que l’on peut entendre quotidiennement.

Continuer à profiter et culpabilité

Je suis donc à 17000 km de Paris au sommet du phare de Cape Otway, le plus vieux phare d’Australie qui surplombe des falaises ocres contrastées par le bleu profond du Bass Straight. Alors je fais abstraction de ma tristesse et incompréhension et comme en temps normal, j’oublie toutes les choses négatives qui pourraient gâcher ce moment: les couleurs, le bruit des vagues, le vent… Clac, capturé.

Et je ne regrette pas. Cet endroit, ce moment, ces gens méritaient d’oublier le temps d’un instant les atrocités survenues quelques heures plus tôt. Aussi réaliser qu’il est fort probable que je ne serais à cet endroit qu’une fois dans ma vie. Bien que ça puisse paraître égoïste, il me semble essentiel d’embrasser le moment, de le vivre à fond et de repousser la réalité à plus tard.

S’entourer et le besoin de se rassembler

Et puis revenir en ville, avoir du réseau et recevoir un nouveau flot de mauvaises nouvelles. 130. 130 personnes ont été tuées aux terrasses de cafés et restaurants et au dans la célèbre salle de spectacle, le Bataclan. Le sentiment d’incompréhension reste le même. Alors qu’en France tout le monde dort ou du moins essaye, j’appelle celle qui, à Melbourne, est devenue mon binôme, ma partenaire de crime, mon petit bout de France. Encore plus choquée que moi et avec la spontanéité qui la définit si bien, elle me lance:

« Voilà. On est en guerre »

Tous ses amis dont les meilleurs sont à Paris, certains, comme les miens, à quelques pâtés de maison des balles. Alors on oublie presque ceux qui n’y ont pas échappé et on se réjouit que les gens qu’on connaisse soient sains et saufs. De son côté aussi, les Australiens ne se préoccupent pas trop de comment elle digère la nouvelle. A la fin de la conversation on décide de se joindre au rassemblement pour les victimes qui aura lieu le lundi suivant.

Se sentir à la maison pour quelques heures. C’est ce que, je pense, tout le monde a ressenti à Federation Square sous 30 degrés pendant les discours très touchants de plusieurs intervenants français et australiens.

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Ca parle Français mais aussi Anglais. Outre les nombreuses Marseillaises, pancartes, minutes de silence, tee-shirts et discours, ce qui me touche le plus – et encore aujourd’hui- ce sont les marques d’attention de ces inconnus – Australiens, Belges, Indiens, Anglais, Libanais ou de je ne sais où – qui tiennent à partager un peu de compassion pour notre pays mais aussi leurs propres interrogations et peurs.

La manifestation touche à sa fin. La tristesse fait alors place à celui de communion et – si je peux l’appeler ainsi –  de joie. La joie d’être ensemble, de partager les mêmes valeurs, de se sentir invincible face à ces fous. Les bulles de Stella remplacent les larmes versées un peu plus tôt. Finalement pour donner tort aux voleurs de liberté quoi de mieux que de partager quelques bières et un repas avec de nouveaux amis belges tout en laissant de côté notre morosité.

 

 

Alors bien sûr je pourrais continuer à propos des raisons qui nous ont menés à de tels évènements, le pourquoi du comment, que va-t-il arriver maintenant, pourquoi Hollande a bombardé Daesh ce même weekend, que peut-on faire pour stopper cette escalade de violence, etc.  Mais je pense que de brillants spécialistes et intellectuels répondront bien que moi à ces questions.

Pour ma part, à mon petit niveau, je pense que la meilleure chose à faire est encore de continuer à voyager, d’être ouverte à l’autre et ainsi participer à divulguer des valeurs de paix et de tolérance.

 

May these amazing people rest in peace.

 

Petit pays, tu as du caractère
Tu sais dire non et on peut pas te la faire à l’envers
T’as des valeurs, une culture métissée mais qui sait ? Demain tu mangeras peut-être épicé

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Le revers de la médaille

No, Australia is not the backpacker’s paradise. I read this headline so many times while I was preparing this trip. I read so many bad stories about other French travellers who had to come back home because they could not find a job to finance their trip and got completely broke. But as a real […]

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Melb, I love you

Dear Melbourne, You were only supposed to be the first step of this big trip. The « plan » was to stay here a few weeks to make some money before heading up North for a big journey! And now I’m here falling in love with your atmoshere, your art, your food, your outdoors, your night out […]

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